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« Pour les Européens, on négocie parce que l’on veut la paix. Mais la guerre hybride ne connaît pas la paix, pas plus que Poutine ne connaît la bonne foi »

L’arrivée de l’année nouvelle a été saluée en Ukraine non pas par des feux d’artifice mais par une pluie de missiles russes et de drones iraniens envoyés par Moscou sur plusieurs villes du pays, dont Kiev, la capitale, en réponse aux frappes qui ont touché la ville russe de Belgorod le 29 décembre 2023.
La guerre menée par la Russie à l’Ukraine, qui entrera le 24 février dans sa troisième année, est une guerre totale, difficile, coûteuse, terriblement meurtrière des deux côtés. Elle s’annonce longue. Rien d’étonnant, donc, à ce que l’on cherche les moyens autres que militaires d’y mettre fin.
Des Etats-Unis, où l’enthousiasme pro-ukrainien faiblit aussi vite que monte la ferveur pro-Trump, s’élèvent des voix en faveur d’un armistice. Elles se sont faites d’autant plus insistantes que les républicains du Congrès ont bloqué, début décembre 2023, le vote d’une aide de 60 milliards de dollars (environ 55 milliards d’euros) à l’Ukraine. Le raisonnement est simple : l’Ukraine ne peut pas gagner cette guerre militairement, elle n’en a pas les moyens humains face à un adversaire trois fois plus peuplé, et son chef d’état-major, le valeureux général Valeri Zaloujny, reconnaît lui-même que sa contre-offensive ne mène nulle part. A quoi bon jeter des milliards de dollars dans une guerre d’usure qui peut durer des années sans résultat ?
Peu avant Noël, un article du New York Times a apporté de l’eau au moulin des défenseurs de cette thèse. En dépit de son triomphalisme de façade, assurent les auteurs, le président Vladimir Poutine fait passer discrètement le message, à travers des intermédiaires, qu’il est ouvert à la négociation en vue d’un cessez-le-feu en Ukraine, à condition qu’il puisse présenter cette négociation chez lui comme une victoire. Dans un tel scénario, Poutine se « satisferait » des gains territoriaux acquis jusqu’ici – au bas mot pas loin de 20 % du territoire ukrainien.
Plusieurs autres textes publiés ces dernières semaines dans la presse américaine ou sur des sites de recherche géopolitique vont dans le même sens. Certains ont relevé un intéressant glissement sémantique, à l’occasion de la visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en décembre : le président Joe Biden ne dit plus que son pays soutiendra l’Ukraine « aussi longtemps qu’il faudra » mais « aussi longtemps qu’il pourra ».
La stratégie de l’administration Biden a évolué, croit savoir le magazine Politico ; il ne s’agit plus d’aider l’Ukraine à remporter une victoire totale mais de la mettre en meilleure position dans l’hypothèse d’une négociation visant à mettre fin à la guerre. Serge Schmemann, éditorialiste au New York Times, fin connaisseur de la Russie et peu suspect de poutinophilie, encourage Kiev à ne pas voir la victoire « qu’en termes territoriaux ».
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