Paris 2024 : pour les judokas français non retenus, la déception d’une vie sportive

Si le Japon est le berceau du judo, la France est sans conteste sa seconde patrie. Pour ses pratiquants de haut niveau, les places sont chères, et figurer parmi les meilleurs au monde ne suffit pas toujours. A fortiori quand se profile la perspective de disputer des Jeux olympiques (JO), du 26 juillet au 11 août, à domicile. Quatorze combattants – un par catégorie de poids – pourront concourir devant leur public, au pied de la tour Eiffel, lors de la compétition sportive la plus prestigieuse du calendrier.
La Fédération française de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées (FFJDA) a dévoilé en novembre 2023 les noms de dix des sélectionnés pour l’échéance estivale, laissant déjà quelques-uns de ses représentants, pourtant véritables chances de médaille, sur le carreau. A défaut de JO, une partie des athlètes évincés a l’occasion de briller « à la maison », lors du Grand Slam de Paris, du 2 au 4 février, à l’Accor Arena.
Julia Tolofua en fait partie. Troisième aux championnats du monde en 2022, vice-championne du monde en 2023, la jeune femme de 26 ans n’a pas été retenue en + 78 kg. La FFJDA a préféré miser sur Romane Dicko, sacrée aux Mondiaux en 2022 et qui s’était parée du bronze olympique à Tokyo, en 2021. « Je remonte la pente, doucement mais sûrement. Ça a été dur à digérer, c’est encore difficile », reconnaît la pensionnaire du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
Comme elle, Romain Valadier-Picard a mis du temps à encaisser la nouvelle. Le week-end qui a suivi l’annonce de la fédération, il est allé courir, frénétiquement. « J’ai perdu 2 kilos pour passer ma frustration », raconte le jeune homme de 21 ans, qui concourt en − 60 kg. Ce qui l’a le plus surpris ? Que le couperet tombe si rapidement.
Quelques jours plus tôt, il glanait en effet sa première médaille chez les seniors : le bronze au championnat d’Europe de Montpellier. Certes, son « rival » dans la catégorie, Luka Mkheidze, avait obtenu l’or dans la cité héraultaise, mais Romain Valadier-Picard, double médaillé mondial en juniors, pensait « qu’ils allaient attendre un peu » avant de trancher. Au moins après les tournois de Tokyo, début décembre, ou de Paris : « Ça me semblait le choix le plus logique. »
Le Parisien n’a rien posté sur les réseaux sociaux pendant trois semaines, préférant garder ses états d’âme pour lui. Pas Julia Tolofua, dont la douleur était trop vive. Opérée à la suite d’une blessure à l’épaule et forfait aux championnats d’Europe de Montpellier, elle n’a même pas eu l’occasion de défendre ses chances. « Je me sens trahie », a-t-elle déclaré le lendemain de l’annonce, à vif, sur RMC.
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